Deux échoppes dans la ville et autant de chalets sur les marchés de Noël : la reine du pain d’épices Mireille Oster est l’une des figures marquantes de l’Avent, à Strasbourg. # Hervé Lévy

L’univers du pain d’épices est impitoyable. L’esthète slalome avec désespérance entre les rejetons bâtards de l’industrie agro-alimentaire, secs à vous casser les dents et sucrés comme ce ne devrait pas être légalement autorisé. Heureusement, de délicates fragrances attirent les gourmands gourmets au cœur de la Petite France dans les deux écrins de Mireille Oster qui a détrôné le bon vieux Prosper (youpla boum), souverain déchu du pain d’épices de notre enfance. « Il faut une minute et dix-sept secondes » pour aller de la l’implantation “historique” sise rue des Dentelles à la nouvelle s’amuse celle, grâce à qui la Würtzmühle – littéralement “moulin à épices” bâti dans le premier quart du XVII^e siècle – est en quelque sorte revenu à sa destination première. Cet espace de 135 mètres carrés largement ouvert sur l’Ill est un « véritable lieu de vie ». Il est en effet non seulement possible d’acheter les délices faisant la renommée de la maison, mais aussi « de voir les artisans au travail, d’apprendre les secrets de la confection des quelque 40 variétés » dont la réussite se résume en une phrase : « Aimer. Aimer les personnes qui vont déguster mes créations. Aimer ceux avec qui on travaille. Aimer les produits. » Sont utilisés les meilleurs ingrédients – farine du Moulin de Hurtigheim, miels artisanaux, exquis fruits confits, cannelle de Ceylan, etc. – pour confectionner des délices où se mêlent avec finesse, tradition séculaire et audace de l’expérimentation, localisme revendiqué et ouverture sur le monde entier. Ces pains d’épices étonnent l’esprit, émoustillent les papilles et émeuvent les sens des clients anonymes ou célèbres, comme l’écrivain Yasmina Khadra. Pour notre part, on craque pour le Pain des Anges qu’on imagine volontiers, facétieux, vole- ter autour de nous, les ailes déployées, joyeusement chargées d’oranges confites et de clou de girofle, ou encore pour le Pain d’Amour plein d’une altière fougue. Voilà le cadeau idéal pour ses proches ! En cette période de fêtes, faisons comme Baudelaire qui offrait à Sainte-Beuve des merveilles « incrustées d’angélique ».

Mireille Oster, 14 rue des Dentelles et 17 rue des Moulins (Strasbourg) et jusqu’au 24/12 sur le Marché de Noël de la Ville (place Broglie et place Benjamin Zix)
www.mireille-oster.com