
© Sophie Dupressoir
Mes jours de gloire
Antoine de Barry signe un premier film sincère, tant dans sa réalisation que son histoire, sublimé par le naturel de Vincent Lacoste et un casting sur-mesure. Rencontre. # Florent Lachèvre
Ils fredonnent en chœur « pour moi la vie va commencer » lorsqu’on évoque Adrien, le personnage principal interprété par Vincent Lacoste, et affichent l’envie de partager l’énergie du tournage. Antoine de Barry et son acteur incarnent la simplicité du film « toute l’histoire de quelqu’un qui ne trouve pas sa place ». Celui qui a connu petit le succès comme acteur n’a plus d’argent – regardant dans le portefeuille de sa mère pour inviter une copine – et s’embourbe dans des mensonges. Spirale infernale qui se retourne contre lui, Adrien « refuse de devenir adulte, et, à la hauteur de son incapacité à entrer dans le costume de De Gaulle aux essayages pour un biopic sur la jeunesse du Général, et plus largement dans le rôle qui peut potentiellement le sauver de sa vie en déclin, il n’a pas non plus la prestance d’un mâle alpha », s’amuse son interprète. Problème d’érection, de timidité et déconnexion avec la réalité, Adrien vogue dans les rues au gré des embûches, ce qui lui permet de rencontrer Léa, jouée par Noée Abita (révélée dans Le Grand bain), dans un commissariat. Le naturel de Vincent Lacoste brouille la frontière entre fiction et réel, impression renforcée par l’amitié entre les deux compères et la réalisation minimaliste d’Antoine de Barry : « Si la plupart des répliques étaient écrites, j’aime laisser de la liberté aux acteurs en leurs imposant le moins de technique possible pour ne pas perdre ces instants de complicité », indique-t-il. Pour lui, son personnage est spectateur du monde et se retrouve confronté à « mille choix de vie, à tel point qu’il ne sait plus quelle direction prendre et c’est l’accumulation de ses mensonges et de son inaction qui le pousse là où il finit. » Christophe Lambert et Emmanuelle Devos incarnent les parents de Vincent Lacoste et lui cachent leur séparation, accentuant l’atmosphère de cette comédie critique : « Jouer c’est passer d’un costume à l’autre, de ces mensonges de la vie de tous les jours. Mon personnage traverse des étapes jusqu’à accepter la personne qu’il est et se reconstruire », conclut-il.
Comédie de Antoine de Barry, actuellement en salle avec Emmanuelle Devos, Vincent Lacoste et Christophe Lambert