Les horodateurs de la discorde

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Les horodateurs de la discorde

En France, depuis le 1er janvier, les règles du stationnement ont été modifiées. À Strasbourg, les choix opérés cristallisent la grogne des automobilistes. Deux personnalités sont dans l’œil du cyclone : Thierry Roos et Pernelle Richardot. # Emmanuel Dosda et Hervé Lévy

Le Racket du stationnement strasbourgeois”. Rien que ça ! Conseiller municipal du groupe Strasbourg à vos côtés (LR, Modem, Société civile), Thierry Roos est en pointe sur cette question. Celui qui s’était déjà élevé en 2015 contre « la disparition des places dans l’ellipse insulaire » a lancé cette pétition en ligne, au titre volontairement provocateur, qui a recueilli près de 6 000 signatures alors que nous bouclons ce numéro. Le problème ? « Opérée de manière silencieuse, sans prévenir les usagers », la modification au 1er janvier 2018 de la durée de stationnement, « entre trois et cinq heures selon la zone » et des tarifs : « Si quelques dérogations sont bien accordées » (artisans, métiers de bouche et certaines professions médicales) au tarif de 11 € par jour, les autres salariés « vont voir ce budget exploser : en zone verte, le stationnement sera limité à cinq heures pour un coût de 35 €. Qui peut se payer cela ? », s’interroge Thierry Roos. Pernelle Richardot, adjointe au Maire (Strasbourg, énergies positives, élus socialistes et de la société civile) en charge du stationnement, tente de son côté de rassurer : « Nous réfléchissons à d’autres ajustements » et rétorque qu’« aujourd’hui, les grandes métropoles européennes doivent faire face à la densification et la pollution. L’espace public se raréfie et il était nécessaire d’accroître le contrôle des places de stationnement pour une rotation plus forte, d’autant plus que nous estimons que 77% des automobilistes ne payait pas ou pas assez leur emplacement », passant à travers les mailles du filet des “pervenches”. « Il faut noter que tout ceci a un coût pour le contribuable ! C’est déplorable, mais seuls la sanction et l’amende pourront faire changer mentalités et habitudes. C’est ainsi que nous désengorgerons la cité en favorisant les transports en commun et l’auto-partage. » Thierry Roos ne voit pas les choses de cet œil et cherche à « interpeller le Maire (ce qu’il a fait lors du Conseil municipal du 22 janvier, NDLR) pour que soit rétablie la situation antérieure avec un tarif journalier de 3 € en zone verte pour tous les professionnels, comme c’est le cas à Marseille ou Paris. » Pour lui, c’est le seul moyen de « préserver la liberté de déplacement des citoyens », les nouvelles mesures étant emblématiques « d’une politique municipale qui fait la “chasse à la voiture” de manière brutale. On supprime des places de stationnement en surface sans compenser par un nombre équivalent de places construites en ouvrage, dans des parkings. » Pour Pernelle Richardot, « la somme des intérêts personnels s’oppose bien souvent à l’intérêt général ! » Et d’imaginer ce scénario (catastrophe) : « Si, demain, nous rendions gratuit le stationnement dans l’ellipse insulaire, le centre-ville de Strasbourg deviendrait inaccessible et les voitures ventouses squatteraient les rues, nuit et jour ! Les commerçants et habitants seraient les premiers contrariés. »

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