Franck Buchy, arpenteur des Vosges

© Franck Buchy

Franck Buchy, arpenteur des Vosges

Seul et à pied, le journaliste des Dernières nouvelles d’Alsace a traversé le massif vosgien du nord au sud. En résulte cette Fugue au cœur des Vosges, narrée d’une plume alerte. Rencontre.
# Hervé Levy

D’où est venue l’envie de cette marche de 21 jours sur la “ligne bleue” des Vosges, de borne en borne (4 056 en total) ?
J’avais le sentiment d’être assigné à résidence et un grand besoin de m’évader. J’ai cherché à me perdre dans un massif que je connais très bien, suivant une trajectoire arbitraire contraignant le marcheur. Ce n’est pas un chemin balisé, mais une ligne administrative qui se traduit par des limites de parcelles forestières notamment, mais qui oblige aussi parfois à arpenter des fragments de sentiers, GR5 ou GR53. C’était un moyen de se perdre près de chez soi et de mêler plusieurs histoires : celle avec un grand H, celles de lieux oubliés, mais également mon histoire personnelle. Pour ce qui concerne la première, j’ai été très ému, par exemple, par le cimetière allemand aux pieds du Donon qui rappelle autant la mémoire d’êtres de chair et de sang qu’un épisode tragique du passé.


Cette plongée dans la forêt permet aussi des échappées dans ce que le géographe Christophe Guilluy a nommé La France périphérique. Est-ce que ce terme vous plaît ?
D’une certaine manière oui, car c’est celle que j’aime bien, que je recherche. C’est un livre sur la frontière et les marges : la périphérie est sans doute l’endroit où les choses les plus intéressantes se passent, où se trouvent des incertitudes, où se cristallisent les interrogations de nos sociétés… J’aime ces zones qui sont “sur la fin”, non pas pour la nostalgie de ce qui a existé, mais parce que cette projection dans un ailleurs me fait voyager. Je pense, par exemple, à un improbable bistrot à Foussemagne dans le Sundgau, installé dans un ancien poste frontière. On se retrouve hors du temps. C’est la fin d’un monde…


Qu’est-ce que marcher pour vous ?
C’est accepter de s’abandonner à l’environnement et aux éléments, mais également un moyen de réflexion, une possibilité offerte de se retrouver soi-même. Par ailleurs, mon pas imprime l’écriture du livre, qui est scan- dée. Il y a une forme de balancement presque hypnotique.

Paru chez Transboréal (10,90 €)
www.transboreal.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.