
© Nicolas Turon
Fracassés kids
Avec Fracasse ou la Révolte des enfants des Vermiraux (dès 8 ans), Nicolas Turon de la mosellane Compagnie des Ô livre une ode au temps de l’innocence. Pour le metteur en scène et comédien, il faut « grandir toujours, ne jamais vieillir » !
Fracasse ou la Révolte des enfants des Vermiraux est un cadavre exquis mêlant l’oeuvre de Théophile Gautier (Le Capitaine Fracasse, édité en 1863), un fait divers de 1911 concernant des orphelins maltraités s’étant rebellés contre l’Assistance publique et vos propres expériences…
Oui, j’ai tout lié et passé dans ma moulinette afin qu’il n’y ait qu’une seule langue : il y a des motifs, des punchlines, mais plus un seul mot de Gautier. Il a fallu coudre ensemble des histoires pour affirmer, comme dans la pièce, que « Fracasse, c’est ce qui s’est cassé un jour en nous, et que nous cherchons à recoller ».
Vous interrogez sans cesse le monde de l’enfance dans vos créations : moment béni dégagé des conventions adultes ou difficile période de construction ?
Les deux mon capitaine ! On ne s’emmerde pas trop avec les faux semblants, Laura Zauner, Fayssal Benbahmed et moi. D’ailleurs, nous nous exprimons en tant que comédiens durant Fracasse : nous parlons de notre quotidien et notre choix quant au métier d’artiste. Lors et en dehors de nos représentations, nous sommes comme des enfants car nous adoptons le comportement qu’il nous plait. Juste avant le spectacle, hier, nous jouions aux foot avec les gamins du quartier : on n’était pas en train de faire du yoga en mangeant du quinoa ! Ce qui nous fascine dans cette histoire, c’est de voir jusqu’à quel moment on peut pousser l’enfant au point qu’il se révolte, qu’il dise : “J’ai huit ans, mais il faut que j’agisse !”
Il y a du vécu là-dessous ?
J’ai grandi dans un contexte de violence familiale : j’en parle par bribes dans Fracasse. C’est pour ça qu’il me paraissait essentiel que les enfants gagnent à la fin. C’est une revanche !
Sauf qu’ils perdent leur innocence en se battant…
Oui, mais on peut se rattraper, en devenant enfant plus tard.
À propos du spectacle, vous parlez d’une “révolte face à la maltraitance par l’imaginaire”. S’agit-il d’un remède contre le mal ?
Bien sûr ! Si je n’avais pas rencontré les livres et le théâtre, je n’en serais pas là aujourd’hui. Toutes les rébellions sont conduites par des grandes idées. Je pense notamment aux Corinthians, club de foot de São Paulo prônant une organisation hyper-démocratique qui, dans les années 1980, se sont opposés au régime dictatorial brésilien.
Au début de Fracasse, il est dit qu’« il n’y a pas d’adultes, il n’y a que des enfants qui abandonnent. »
Oui, mais le spectacle n’est pas moralisateur. On peut y voir un conte à la Dickens avec de pauvres orphelins comme un endroit où l’on projette ses traumas pour en sortir secoué, voire transformé. Nous ne faisons que poser cette question : avons-nous encore des capacités d’imaginaire et de révolte ?
13 & 14/03
Le Point d’Eau (Ostwald)
16/03
Le CSF Victor Hugo Léo Lagrange (Schiltigheim)
En tournée avec Les Régionales